lundi 26 mars 2007

Du nouveau du côté de la bibliothèque numérique européenne

Jean-Noël Jeanneney, président de la Bibliothèque Nationale de France (BNF), est connu pour ses mises en garde contre l’hégémonie de la culture américaine dont Google livres sera l’un des outils les plus efficace à l’avenir. Dans son livre, « Quand Google défie l’Europe – Plaidoyer pour un sursaut », il exposa sa théorie et défendit surtout son projet de bibliothèque numérique européenne (BnuE). Depuis, aucun résultat concret ne permettait de parier sur ce projet et l’on commençait à penser que ce genre d’idée devait être rangée parmi les flops européens.
Il ne fallait pourtant pas enterrer si vite cette initiative. Jeudi dernier, à l’occasion du salon du livre, un prototype de cette bibliothèque numérique a été mis en ligne sous le nom de « Europeana ». Les internautes peuvent ainsi consulter environ 12000 ouvrages dont 7000 d’origine française, 4000 de Hongrie et 1000 du Portugal. Bien évidemment, cela n’est qu’un début et les responsables de cette bibliothèque européenne souhaitent bien réunir des ouvrages d’origines très diverses. D’ailleurs, ils tablent sur un catalogue de 100000 livres avant l’été 2007 grâce notamment à un budget de 10 millions d’euros alloué à la BNF provenant de la taxe sur les appareils de photocopie (on voit à quoi sert l'argent collecté par le CNL)...
Toutefois, pour une croissance satisfaisante, la BnuE devra nouer des partenariats à l’instar de Google qui a déjà conclu des accords en Europe avec notamment la British Library. Celle-ci pourrait d’ailleurs se retrouver assez vite dans un conflit d’intérêt entre les deux projets censés être concurrents... En outre, la question des droits d’auteur se pose à l’instar des débuts de Google Print. La BnuE fera sans aucun doute de même que Google et numérisera soit des ouvrages tombés dans le domaine public soit des ouvrages protégés en réservant un accès restreint.
Vous l’aurez compris, l’Europe menée par la France souhaite affirmer son exception face à la culture européenne et ce, non pas sur la base de l’initiative privée, mais via des projets poussés par les pouvoirs publics. « Europeana se développe avec des valeurs universelles, en prise avec l'histoire de l'Europe, l'humanisme. Nous souhaitons faire en sorte que l'Europe ne soit pas entièrement abandonnée à un moteur de recherche américain » a d’ailleurs déclaré Jean-Noël Jeanneney. Sans caricaturer outre mesure, l’on sent une vision assez manichéenne des européens – et notamment des français – qui pensent sauver l’humanité du diable Google ayant pour dessein d’imposer sa culture du hamburger et du coca cola... Pourtant, y-a-t-il réellement ce genre d’intentions chez le moteur de recherche américain. Il est possible d’en douter en ce sens qu’une entreprise américaine est souvent poussée plus par l’appât du gain que par des considérations politco-culturelo-humanistes... Si, de fait, la culture américaine s’impose sur le réseau il n’y a que l’Europe qui souhaite affronter l’Amérique du nord sur le terrain de la culture. Faut-il rappeler que la culture ne naît ni ne prospère par des intentions politiques mais par un sentiment d’appartenance partagé par le plus grand nombre ?

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