lundi 7 mai 2007

Royaume-Uni : la vie privée s’invite dans le débat public !

Au pays de l’Habeas Corpus et des libertés individuelles, un appel vient d’être lancé pour une plus grande sauvegarde de la vie privée face au numérique et aux technologies de surveillance. La semaine dernière, Richard Thomas, Information Commissioner - que l’on pourrait traduire par commissaire à la vie privée - a attiré l’attention du gouvernement britannique sur le fait que l’évolution de plus en plus sophistiquée des technologies de surveillance appelle à plus de garanties pour les individus.
Le sujet principal d’inquiétude concerne les données personnelles recueillies par les autorités britanniques par la voie notamment des caméras des surveillances (CCTV) dans les lieux publics. En effet, selon ses estimations, il y aurait en Grande Bretagne, 4,2 millions de caméras de surveillance soit une pour 14 habitants et un individu peut être filmé jusqu’à 300 fois en l’espace d’une journée. « Il y a un grand risque pour que trop de surveillance crée un climat de peur et de suspicion » a déclaré Thomas. Surtout, le Commissaire à la vie privée pointe du doigt le risque d’erreur sur l’identité des personnes via les enregistrements vidéo et aussi la multiplication d’intrusions non nécessaires dans la vie privée des britanniques. Face à ces dénonciations, le gouvernement britannique a l’habitude de rétorquer que cette surveillance a pour but exclusif de lutter contre la criminalité et le terrorisme. Eternel débat entre sécurité et liberté !...
Toutefois, l’heure n’est pas à la polémique mais à la coopération entre les défenseurs des libertés et le gouvernement. Ainsi, Richard Thomas souligne le fait que les défenseurs de la vie privée devraient voir leurs pouvoirs renforcés notamment par une consultation obligatoire avant toute mesure susceptible de porter atteinte à cette liberté publique : « Il est absolument nécessaire qu’avant toute mise en place de technologies de surveillances, toute l’attention soit donnée à l’impact sur les libertés individuelles et que les organisations de défense de la vie privée limitent cette intrusion ». Concrètement, Thomas souhaiterait la mise en œuvre de comités d’évaluation sous la houlette des organisations de défense des libertés individuelles à chaque mesure visant la surveillance des britanniques afin qu’elles émettent des propositions pour minimiser l’atteinte au respect de la vie privée des individus. « Etant donné que nous ne vivons pas dans un régime de type totalitaire, il est important qu’il y ait un débat autour de la question de savoir où placer la limite à ne pas franchir et quels sont les garde-fous nécessaires pour la sauvegarde des libertés ».
A l’heure où Nicolas Sarkozy, nouveau président de la République française, déclare souhaiter un renforcement des pouvoirs et une plus grande indépendance de la Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés (CNIL), il semble qu’un vent de lutte pour la sauvegarde de la vie privée souffle en Europe ! Toutefois, cette prise de conscience s’inscrit dans une logique d’opposition entre citoyens et Etats alors que l’actualité nous démontre que la menace semble venir de plus en plus des entreprises privées...

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