jeudi 10 mai 2007

Second Life infecté par la « cyber-pédophilie »...

A l’heure où la pornographie infantile est le sujet le plus débattu par les juristes spécialistes de l’internet, Second Life, monde virtuel avant-gardiste, est aussi la cible d’actes de pédophilie. Le parquet allemand a en effet lancé une enquête après la mise en lumière par les médias locaux d’un réseau pédophile au sein de Second Life. Ainsi, certains avatars – nom donné à l’incarnation numérique des joueurs dans le monde virtuel – proposeraient des vidéos pédophiles tandis que d’autres payeraient pour des relations sexuelles virtuelles avec des avatars ayant l’apparence de jeunes mineurs. Certains voient dans cette dernière pratique une extension virtuelle du « ageplay », tendance sexuelle connue du monde réel qui consiste en ce que des adultes prennent l’apparence d’enfants dans leurs ébats amoureux. Toutefois, personne ne sait réellement qui se cache derrière ces avatars : des adultes aux pratiques sexuelles douteuses ou des mineurs souhaitant gagner facilement de l’argent ? Linden Lab, société exploitant Second Life, a assurer qu’elle mènerait son enquête pour déterminer qui se cache derrière ces avatars aux apparences juvéniles. C’est la moindre des choses et les associations de lutte contre la pédophilie critiquent déjà cette société par n’avoir pas prévu des programmes excluant toute image de pornographie infantile dans le monde virtuel. Pour sa part, Peter Vogt, procureur allemand en charge du dossier, a déclaré « Nous allons faire notre possible pour déterminer l’identité de ces personnes [...] Ce qui est offert par ces avatars n’est rien d’autre que de la pédophilie ».
Ainsi, après le « cyber-rape » - viol virtuel - qui a fait coulé beaucoup d’encre ces derniers temps, la cyber-pédophilie vient poser la question de l’applicabilité de la loi pénale. Alors qu’aux Etats-Unis de telles pratiques ne sont pas qualifiées de crime, la loi allemande sanctionne les actes de pédophilie virtuelle par un emprisonnement pouvant aller jusqu’à 5 années. Toute la difficulté dans ce type d’affaire est de prendre la mesure de la virtualité des faits. En effet, Nick Schader, le reporter allemand ayant enquêté sur le phénomène a avoué avoir été très choqué lorsqu’il s’est vu proposer de rencontrer réellement les individus – sans doute mineurs – se cachant derrières les avatars vendant virtuellement leur corps pour 500 Linden dollars. Dès lors, la réalité rejoint très vite la fiction et ne pas réprimer la seconde risque d’avoir des conséquences sur la première. Et ceux qui s’offusquent de voir condamner des crimes sexuels au prétexte qu’ils ne sont que virtuels, reviennent très vite sur leur jugement lorsqu’ils apprennent que dans la plupart des cas la cyber-pédophilie est la première étape menant à des actes de pédophilie infantile dans le monde réel.
Au final, il est assez étonnant de voir renaître un débat aujourd’hui obsolète qui sévissait dans le monde juridique à l’heure des balbutiements de l’internet. A l’époque, il opposait les partisans d’une liberté absolue de l’univers html et les tenants d’une répression accrue de ce nouveau mode de communication jugé très dangereux... Depuis, les choses se sont calmées et la plupart des pays occidentaux ont opté pour une solution médiane visant à adapter les principes juridiques existants à la réalité de l’internet. Les mondes virtuels ne devraient pas faire exception à cette tendance. Toutefois, en l’espèce, il semble pertinent non pas forcément d’adapter les qualifications pénales existantes mais plutôt les sanctions à l’image de l’Allemagne qui punit, semble-t-il, moins sévèrement la pédophilie virtuelle que celle du monde réel : le virtuel n’excuse pas l’acte mais doit cependant être distingué du réel, ne serait-ce que pour éviter un nivellement vers le bas des peines prévues pour le monde réel...

1 commentaire:

Unknown a dit…

Le virtuel devient vraiment passionant... Beaucoup de concepts doivent être adaptés, réinventés, créés pour prendre en compte le problème du virtuel...
Le problème par exemple du meurtre dans le monde virtuel se pose aussi. Pourtant il n'est pas pris en compte de la même manière que la pédophilie, pq ?