vendredi 20 avril 2007

Yahoo ! poursuivi par un prisonnier politique chinois...

Hier, Wang Xiaoning, un prisonnier politique chinois, a déposé une plainte contre Yahoo ! devant la cour fédérale du district nord de Californie basée à Oakland avec le concours de sa femme, Yu Ling, vivant à San Francisco. Il reproche au portail internet d’avoir aidé les autorités chinoises à l’identifier dans une affaire où il a été condamné à 10 ans de prison pour avoir réclamé des réformes démocratiques ainsi que la mise en place d’un système à plusieurs partis dans son pays... Selon le plaignant, le bureau de Yahoo ! basé à Hong Kong a fourni des informations à la police chinoise qui ont permis de l’identifier en échange, paraît-il, de dessous de table... Avec l’aide de la World Organization for Human Rights USA, les deux époux comptent bien obtenir réparation sur le fondement du « Alien Tort Claims Act » et du « Torture Victims Protection Act ».
Suite à cette plainte, un représentant de Yahoo ! a déclaré que sa société était « affligée par le fait que des citoyens chinois ont été emprisonnés en raison de l’expression de leurs idées politiques sur internet » avant d’ajouter que « toutefois, les sociétés présentes en Chine se doivent de respecter la loi chinoise pour éviter que leurs employés n’écopent de sanctions civiles ou pénales ». Une excuse un peu facile qui n’empêche pas le portail internet de souligner que le « Department of State » qui gère les relations avec l’étranger, devrait continuer à faire de la défense de la liberté d’expression une priorité dans ses relations avec la Chine. Ainsi, Yahoo ! renvoie la balle au gouvernement américain et s’estime exonéré de toute responsabilité à raison de ses activités chinoises.
Ce n’est pourtant pas l’avis de nombreuses ONG, et notamment Amnesty International et Reporters sans Frontières qui accusent régulièrement le portail d’aider des régimes totalitaires à sanctionner leurs « citoyens » aspirant à plus de libertés. D’ailleurs, cette nouvelle affaire n’est pas sans rappeler celle du prisonnier « Shi Tao » dans laquelle Yahoo ! a finalement été blanchi par le commissaire hongkongais chargé de la vie privée. Shi Tao avait, en effet, déposé une plainte dans laquelle il accusait Yahoo ! d’avoir violé sa vie privée en divulguant des informations aux autorités chinoises. Cependant, il ne faut pas seulement pointer du doigt Yahoo !, car Google et Microsoft ont eux aussi tendance à collaborer avec le régime de Pékin.
Rappelons qu’en janvier dernier, ces trois sociétés accompagnées par Vodafone, ont élaboré un projet de code de conduite relatif à la liberté d’expression, à la vie privée et aux droits de l’homme à destination de leurs activités en Chine. Ce code serait, selon elles, un outil les obligeant à rendre des comptes et à être plus responsables face aux internautes chinois. Apparemment, cette initiative est à ranger du côté des déclarations d’intentions entièrement creuses puisque - si les faits qui nous intéressent remontent à 2002 - Yahoo ! s’estime aujourd’hui absolument pas responsable de ses actes. Voilà une belle preuve de prise de responsabilité face aux externalités négatives occasionnées par ses activités économiques au sein de l’empire du milieu...

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